• votre commentaire
  • (Image taken from HERE)

    Debout devant le miroir de la salle de bains, je finissais d'attacher ma cravate à petits motifs ridicules. Dans l'autre pièce, la Fille au Glaçon savourait sa victoire en se prélassant sur le lit ; ses horaires étaient considérablement plus libéraux que les miens, apparemment. Sa voix me parvint, ensommeillée :

    "Alors ? Convaincu ?

    J'ajustai mon col, pensif ; par le Diab...euh, par mon Maître, oui, j'étais à présent convaincu du pouvoir des étoiles, ou à défaut de celui de cette diablesse de Fille. Si je n'avais su reconnaître la fibre démoniaque en chaque créature issue de ma lignée maudite, j'aurais presque pu croire qu'elle était de la famille. De ma vie, je n'avais connu de pareilles sensations ; et laissez moi vous dire que j'en connais un rayon en matière de sexe, après tout c'est en Enfer que j'ai vécu mes premières expériences. C'est aussi mon secteur préféré de la bibliothèque...

    -Oui, dis-je d'un ton détaché ; puis je sortis de la salle de bains.

    Elle musardait à plat ventre sur le lit en désordre, sa chevelure ondulant en vagues chatoyantes jusque sur son joli - et rebondi - derrière ; vision enchanteresse, mais je ne pouvais m'attarder plus longtemps. On a beau être un rouage indispensable de la Fin du Monde, on en reste pas moins toujours l'employé de quelqu'un, et il y a des réunions qu'on ne peut remettre à plus tard.
    J'embrassai donc la magicienne aux étoiles - longuement, j'avoue - et j'allais m'échapper en jetant un coup d'oeil à ma montre quand elle me saisit par la cravate. 'Gourmande !' pensai-je en l'embrassant de nouveau. Elle me regarda dans les yeux sans relâcher sa prise :
     
    -Tu acceptes donc d'avoir une nouvelle entrevue avec la Confrérie ?
    -Mais oui, mais oui... Passe-leur donc un coup de téléphone de ma part.
    -Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Tu te souviens ?

    Se dressant sur le lit, vive comme un serpent, elle m'arracha un cheveu avant de rouler sur le dos au milieu des draps.

    -Voilà, comme ça je pourrai le faire en ton nom. Tu as toujours le second billet de bonne fortune que je t'avais donné ?
    -Oui, grognai-je, agacé ; dans mon portefeuille que j'ai oublié sur ma table de nuit. Mais je n'ai pas le temps, là, tu vois que je suis pressé ; lance-le moi, veux-tu ?

    Elle le fit ; je saisis l'objet au vol et l'enfouis dans ma poche arrière, luttant avec un pan de ma chemise qui sortait de mon pantalon. J'attrappais la poignée de la porte pour sortir, quand j'entendis le craquement de l'allumette. 'Ah, non, dis-je, pas...'

    "...maintenant !"

    Ma voix résonna étrangement, tandis que je me matérialisais brusquement dans une vaste pièce. La messagère en extrême déshabillé avait disparu ; à la place s'étendait devant moi une longue table en bois noir, impeccablement polie. Autour, des chaises ouvragées, style très 'fin 18ème' ; et une douzaine d'individus en costume sombre, coiffés de capuches aussi peu que possible assorties à leur tenue.

    "Bonjour, cher ami"

    Je rectifiai la position et inclinai le front, bouillant intérieurement de rage contre une Fille à qui je me jurai de faire avaler ses foutus Glaçons de travers dès mon retour dans le monde normal.

    "Messieurs.
    -Vous avez là une tenue bien débraillée, lança quelqu'un. Je grinçai des dents.
    -Je suis venu un peu...à l'improviste, voyez-vous.

    Rires. Puis un silence gênant (pour moi) suivit.

    -Allons droit au but, dit enfin celui qui semblait présider ; il avait une voix bizarre, sussurante et sans timbre. Nous pensons qu'il est temps de vous révéler ce que nous espérons accomplir avec vous.
    -J'ai cru comprendre que les étoiles étaient favorables, oui, raillai-je.
    -Pas d'ironie ! Vous vous en doutez, les enjeux sont de taille ; ce dont il s'agit, c'est...
    -...la Fin du Monde, oui, je suis au courant. Et c'est heureux, sans quoi nous ne pourrions pas nous entendre. J'ai beaucoup à faire, comme vous savez sans doute, et ne puis m'encombrer de projets accessoires.
    -Oui, siffla l'autre d'un ton doucereux ; mais il s'agit aussi pour...hum, notre espèce, de...euh, de négocier notre reconquête de la surface de la Terre."

    Comme il disait cela, j'entendis les autres piaffer sous leur capuchon ; d'enthousisame, ils frappaient la table de leurs mains qui semblaient tout à coup difformes. Je remarquai seulement alors l'étrange odeur qui flottait, une désagréable et persistante odeur...de poisson.

    (à suivre)


    Signé : Antec’

    votre commentaire
  • (Image : Pyongyang Metro Station, from HERE)
    [En musique : DyE - Fantasy ]

    Il est temps de tout vous expliquer, à présent ; tout est si avancé que personne sinon mézigue n'y peut désormais plus rien. Vous en doutez ? Qu'importe. Je n'ai pas consumé 6 années, 13 petites amies et environ 260 costumes pour des prunes (quoique, celles de Bethphagué sont pas mal - ou sont-ce des figues ?) et mon Plan progresse rapidement, quoique de manière furieusement imperceptible pour le commun. Je vous en toucherai un brin, entre les tartines et le fromage...et quand j'aurai terminé mon noeud de cravate.


    Or donc, sachez que j'ai enfin lancé la machine infernale qui ruinera le Monde (peuh !) et mènera à mon avènement. Je sais, je sais, ça fait un bail, mes chérubins ; mais je peux déjà voir l'Ombre au bout du Tunnel. Parce que je suis ignoble - enfin, vous savez - je vous en distillerai des bouts, ça fait un excellent alcool qui rend délicieusement dingue. Passez-moi donc commande en ligne... Voici pour vous, en attendant : un petit aperçu des réjouissances secrètes (mon Sabbat, en quelque sorte) qui mèneront à l'Anéantissement de Tout.

    C'est arrivé un matin, à l'aube d'une nuit sans sommeil ; les draps humides collaient à ma peau, la Fille au Glaçon m'entourant de ses bras noueux repirait doucement contre ma poitrine. La fatigue envahissait lentement ma tête, et je devais être au boulot dans deux heures, frais, dispos et d'attaque. Par la fenêtre du vingt-quatrième étage, je voyais de petits nuages sur fond de ciel bleu pâle. La journée serait torride - aussi.

    "Il va être temps, tu sais"

    Le délicieux souffle glacé accompagnant ses mots fit trembler les poils sur ma brûlante poitrine antichristique. Pointant vers le plafond ma main droite, j'allumai une petite flamme au bout de mon doigt (oui, je suis très fan du décorum).

    "Crois-tu ?
    -Oui ; l'Assemblée (voir ici) pense que les étoiles ont la bonne disposition.

    J'éclatai de rire. Elle se dressa, furibonde, plantant ses ongles dans mon estomac.

    -Ne te moque pas, espèce de petit connard arrogant ! Tu verras, tiens, si ça n'a pas de sens !
    -Excuse-moi, mais ces espèces de légendes sur la position des astres, c'est kitsch ; voilà bien 4 ou 5 siècles que mon Maître en a expurgé ses rituels, les gens commençaient à nous prendre pour des vieux cons...
    -Ton 'Maître' et toi...pfff ! Un peu surfait, si tu veux mon avis.

    Je serrai méchamment son poignet, conduisant sur sa peau une chaleur à la limite du supportable.
    Elle tiqua, retira sa main en la secouant pour la refroidir.

    -Ne dis pas ça, dis-je, sèchement. Tu pourrais t'en mordre tes doigts glacés...
    -T'es susceptible, 'A'. Mais tu l'as cherché. Après tout, c'est toi qui as accepté de coopérer avec...EUX.
    -Allons ; j'ai accepté parce qu'ils allaient dans mon sens, et parce que je suis curieux. Mais s'il s'agit de contes de bonne femme, et d'histoires de sacrifices selon la position des astres, désolé, je marche pas. J'ai assez donné déjà.
    -Tu n'y crois pas, hein ?
    -Je crois que c'est clair...

    Elle prit un air boudeur, massant son poignet en regardant dehors par-dessus son épaule. Je m'absorbai dans la contemplation de son corps aux proportions parfaites, quoique très légèrement inhabituelles pour une humaine classique. Ma main caressa sa cuisse, témoignant d'un de mes rares (et donc précieux) mouvements de conciliation. Elle parut contempler quelque chose au loin, puis se tourna vers moi en me fixant soudain :

    -Tu veux peut-être un exemple ? Une preuve du 'Pouvoir des Etoiles' qui te fait tant rire.
    -Dis-moi, qu'on rigole.
    -D'ici une minute trente, à peu de choses prés, l'étoile du matin, autrement dit Vénus...
    -...balivernes !
    -...ou chez les Nahuas au Mexique, Tlahuizcalpantecuhtli...
    -...à tes souhaits.
    -...atteindra un parfait positionnement pour une démonstration capable de Te convaincre.
    -Chiche ! Il va se passer quoi ?

    Elle se pencha pour me souffler à l'oreille.

    -Un orgasme intersidéral..."
    (à suivre)


    Signé : Antec’

    votre commentaire
  • [En musique : Tool - Rosetta Stoned ]

     

    Je me réveille ; 'Tool' me file un bon coup sur la nuque et je suis sur les rails. Du café, noir, bouillant. Puis, je respire...

    Une série de flux RSS grillés sur le tactile pour relancer la machine, rétablir les connexions ; il doit être, quoi, 8h30 ? Et d'un coup d'ongle, les nouvelles lues, je court-circuite.

    Je lis en passant vos petites histoires de vampires, de zombies ; un muffin y passe entièrement, avec des raisins secs. Des bribes de séries télé : mais qu'est-ce que vous avez avec les morts-vivants ? Un coup au coeur, un autre dans la tête et on passe à autre chose. Je pleure votre littérature fantastique et vos comics me tuent... Coup de pied rageur dans la rubrique politique : Satan ne sera jamais votre président. De petites allures faustiennes, voilà tout ; qu'en aurait-il à faire de vous, sérieusement ? Coup de chiffon sur mes chaussures vernies. Côté blogs, Vérol se meurt, encore. Encore, un qui m'échappe... Dommage. J'enfile ma veste ; votre pop est désespérante. Vous restez flotter à la surface, dans une mousse insipide, électronique. Alors qu'il existe du lourd, du très lourd : mais le fond vous fait flipper. Vous préférez vous croire rebelles avec vos petites vies rangées. Aimer, c'est avoir des tripes ; ça ne vous intéressera jamais. La douleur, ça vous fait peur, ceux qui osent encore en parler vous les enterrez. Amy Winehouse, regardez ce que vous en avez fait : et pourtant ça n'était pas Janis Joplin, oh, ça non. Ma dose de coke...hop ! Les addictions, pareil, vous n'en ferez jamais un truc de riches, même si ça vous plairait. Le cancer du poumon, les corps dégénérés par l'alcool, qui en claque ? Vous. Génération 'skins', tout en surface : vous peignez vos vampires en doré pour encore oser les regarder, c'est dire le ridicule...

    Mon chapeau, incliné sur l'oreille ; il est bientôt 9h. Je regarde la pile de journaux, je la carbonise d'une légère pression des doigts, un petit sourire narquois sur les lèvres. Planez, planez, mes petits agneaux ; mais gaffe, gaffe à la redescente. En bas, il y a les vrais suceurs de sang, des démons forgés comme il se doit aux fourneaux infernaux. Bien rétro. Ils n'ont pas lu Twilight ou Vampire Diaries, non : la sélection du HELLer's Digest, c'est moi qui la fais, et il n'ont pas été retenus. Ils me sont, comment dire ? Tombés des mains. En cendres...

    Du MAL, vous en voulez ? Remontez aux années 80, 90. Cogitez, cogitez ; moi, je vais bosser. Tout un monde à saper, à la petite semaine. On se reverra, bientôt ; je ne sais pas si vous apprécierez.

    Cheers !


    Signé : Antec’

    votre commentaire
  •  

    Donc, voilà.

    Ce n’est pas comme si j’avais déserté le sacerdoce, ne rêvez pas. Antechrist, pas mort !

    Bon, j’ai eu quelques soucis récemment. Mes actions étaient gérées en totalité par des demi-frères à moi, les Lehman (à présent, je peux vous le dire) ; mais apparemment quelque chose a mal tourné dans la combine...

    Alors mon Maître, d’autorité, m'a envoyé faire un stage Lui seul sait où, plutôt punitif qu’instructif en vérité ; disons que j’en suis revenu bronzé...

    Depuis, j’ai décidé de revenir aux grands principes fondamentaux : finies les improvisations dépressives et les malsaines lectures. J’ai dissous dans les flammes les petits complots d’épiciers, envoyé mon libraire faire un tour dans l’Enfer de la bibliothèque...

    Question boulot, j’ai profité d’un plan social - inspiré par mon Maître, j’en mettrais ma main à couper - pour aller voir ailleurs si l’argent fait toujours tourner le monde. Apparemment, oui ! Je vous parlerai plus tard de mon nouveau job, et aussi du chambardement que j’ai fait subir au club de musique du CE... Grands diables, j’ai encore un tas de choses à vous dire ! D’ici là, mes agneaux, soyez rock’n’roll, et ne tombez pas touts cuits sous ma patte... 


    Signé : Antec’

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires