• Chasseur De Têtes Et Coiffures De Plumes...

    Photo : Pillow Fight 2008, Paris, par Philippe Leroyer.

    Il est des jours où l'on réagit plus vivement, des jours où l'on a moins de patience que d'ordinaire. Des jours aussi où l'on s'emporte plus facilement, où chaque petit désagrément peut prendre des proportions gigantesques (et pour le moins inconsidérées). Ce genre de "pétage de câble" peut aisément mener un être humain normal jusqu'au point de non-retour (ou de non-rémission si vous parlez en termes de péchés) ; je vous laisse en revanche imaginer ce que cela peut donner quand il s'agit d'un Antéchrist...

    J'avais mal dormi cette nuit-là, à cause de la chaleur (allez savoir pourquoi mon chauffage infernal marche toujours trop bien) et du tapage nocturne d'un groupe de jeunes amateurs de Gospel - auxquels je compte bien, par ailleurs, jouer d'ici peu un tour à ma façon. Je commençai donc la journée avec deux aspirines et l'humeur maussade des mauvais jours ; je pestai contre la cafetière, contre la publicité mélangée au courrier et le carrelage glacé du vestibule (même l'Antéchrist peut parfois égarer ses pantoufles). Mes tartines avalées, je sortis dans le jardin ; les plumes d'Ange qui jonchaient l'allée furent en quelque sorte la goutte qui fit déborder le vase. Quoi, sous prétexte qu'une bande d'exaltés chante des Negro-Spiritual, il faut que ces emplumés viennent en récompense mener leur sabbat juste au-dessus de mon jardin ?! Mon sang, brûlant de fièvre, ne fit qu'un tour, et je rentrai chez moi pour me saisir d'un fusil. Ah, ils voulaient semer des plumes ? Qu'à cela ne tienne, j'allais les y aider !

    Ma première victime fut le fameux Angelot du square ; depuis le temps qu'il me narguait, ce petit joufflu sur sa colonne de marbre... Ensuite, ce fut le tour de cet espèce de Séraphin qui nichait sur la façade de l'église du quartier. Hé, grand naïf, tu croyais que je ne t'avais pas vu, hein ? Je vous assure, il rigole moins maintenant. De même, son collègue du cimetière que j'ai truffé de plomb au passage. Oui Madame, les Anges existent ; vous voyez bien, je viens d'en abattre un...

    A midi, assis sur un banc public, j'avalai un sandwitch en restant prudemment aux aguets, prêt à toute éventualité. Bien m'en prit, et je stoppai net pour le dessert une attaque de Chérubin (qu'est-ce qu'il croyait faire, ce petit morveux ailé, avec son épée lilliputienne en bronze face à mon calibre 12 ??) . Cette intervention d'Ange -prétenduement- vengeur ranima ma fureur guerrière, et avant le soir j'en avais trois de plus à mon palmarès. Des plumes, il y en avait à tous les coins de rues quand j'eus terminé mon nettoyage du quartier par le vide ; et plus un ange vivant à moins de deux kilomètres. En prime, je me payai le luxe d'offrir aux riverains le spectacle apocalyptique de deux archanges dégringolant en vrille à travers le ciel de Janvier enflammé par le crépuscule...

    Si vous passez un jour chez moi, demandez-moi donc d'où proviennent les têtes blondes empaillées qui trônent sur les murs du salon, couronnées de leurs ailes dégarnies. Je me ferai un plaisir de vous répondre. Ceci dit, s'il vous prenait l'envie de suivre mon exemple, je me dois de vous prévenir : franchement, les plumes, c'est un véritable nid à poussière...


    Signé : Cousin Gat'.

  • Commentaires

    1
    Jeudi 24 Janvier 2008 à 16:57
    salut :)
    j'adore cette photo :) mais c'est pas beau de faire du mal aux anges :( bisous !!
    2
    Vendredi 25 Janvier 2008 à 12:49
    Bonjour Cousin Gat'
    "je me dois de vous prévenir : franchement, les plumes, c'est un véritable nid à poussière..." sans parler des acariens ! :-)
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