• votre commentaire
  • [En musique : Tool - Rosetta Stoned ]

     

    Je me réveille ; 'Tool' me file un bon coup sur la nuque et je suis sur les rails. Du café, noir, bouillant. Puis, je respire...

    Une série de flux RSS grillés sur le tactile pour relancer la machine, rétablir les connexions ; il doit être, quoi, 8h30 ? Et d'un coup d'ongle, les nouvelles lues, je court-circuite.

    Je lis en passant vos petites histoires de vampires, de zombies ; un muffin y passe entièrement, avec des raisins secs. Des bribes de séries télé : mais qu'est-ce que vous avez avec les morts-vivants ? Un coup au coeur, un autre dans la tête et on passe à autre chose. Je pleure votre littérature fantastique et vos comics me tuent... Coup de pied rageur dans la rubrique politique : Satan ne sera jamais votre président. De petites allures faustiennes, voilà tout ; qu'en aurait-il à faire de vous, sérieusement ? Coup de chiffon sur mes chaussures vernies. Côté blogs, Vérol se meurt, encore. Encore, un qui m'échappe... Dommage. J'enfile ma veste ; votre pop est désespérante. Vous restez flotter à la surface, dans une mousse insipide, électronique. Alors qu'il existe du lourd, du très lourd : mais le fond vous fait flipper. Vous préférez vous croire rebelles avec vos petites vies rangées. Aimer, c'est avoir des tripes ; ça ne vous intéressera jamais. La douleur, ça vous fait peur, ceux qui osent encore en parler vous les enterrez. Amy Winehouse, regardez ce que vous en avez fait : et pourtant ça n'était pas Janis Joplin, oh, ça non. Ma dose de coke...hop ! Les addictions, pareil, vous n'en ferez jamais un truc de riches, même si ça vous plairait. Le cancer du poumon, les corps dégénérés par l'alcool, qui en claque ? Vous. Génération 'skins', tout en surface : vous peignez vos vampires en doré pour encore oser les regarder, c'est dire le ridicule...

    Mon chapeau, incliné sur l'oreille ; il est bientôt 9h. Je regarde la pile de journaux, je la carbonise d'une légère pression des doigts, un petit sourire narquois sur les lèvres. Planez, planez, mes petits agneaux ; mais gaffe, gaffe à la redescente. En bas, il y a les vrais suceurs de sang, des démons forgés comme il se doit aux fourneaux infernaux. Bien rétro. Ils n'ont pas lu Twilight ou Vampire Diaries, non : la sélection du HELLer's Digest, c'est moi qui la fais, et il n'ont pas été retenus. Ils me sont, comment dire ? Tombés des mains. En cendres...

    Du MAL, vous en voulez ? Remontez aux années 80, 90. Cogitez, cogitez ; moi, je vais bosser. Tout un monde à saper, à la petite semaine. On se reverra, bientôt ; je ne sais pas si vous apprécierez.

    Cheers !


    Signé : Antec’

    votre commentaire

  • Vous vous êtes peut-être déjà demandé pourquoi j'étais Président de la Société Mondiale pour la Tempérance et la Vertu ? Non, ce n'est pas (le Diable m'en préserve) pour convertir à ma cause, par ce biais, toutes les vieilles bigottes de la Terre. Enfin, pas seulement. Il y a aussi d'autres raisons plus...profondes. Plus personnelles, quoi ; parce qu'on a beau être l'Antéchrist, on n'en est pas moins un Homme. C'est à dire...une machine.

    J'ai la fâcheuse faculté (mais vous le savez sans doute) de changer par ma seule présence le vin en eau et tout alcool, en général, en une boisson aussi inoffensive que la limonade. C'est ma condition qui veut ça ; je ne l'ai pas choisi. Mais il existe des moyens de contourner toute règle ; et celle-ci ne faisant pas exception, j'ai pu me procurer ces fameux verres à l'épreuve de mes pouvoirs afin de me prendre, comme de juste, une cuite mémorable. Elle le fut certes ; mais pas pour les raisons qu'on imagine : en fait tout fut "normal" pendant un moment. Et puis mes sensations se firent plus lointaines, mon rire plus nasillard (et plus bête), et mon champ de vision se résorba tout à coup comme peau de chagrin. Floup ! Comme une télévision qui s'éteint. Sauf que je restai conscient derrière l'écran ; en veille à l'intérieur du téléviseur. Je vis avec terreur la machine qui fonctionnait en moi, assistant impuissant au jeu de ses leviers. Je pouvais parler, mais je saisissais pour ça les mots percés sur une bande perforée, attrappant au hasard des bouts de mémoire instantanée, tel un vieil ordinateur, perplexe. De quel démon subalterne étais-je le jouet, en fin de compte ? Etait-ce toujours lui qui tirait mes ficelles, ou bien assurait-il seulement l'intérim en attendant que je recouvre mes esprits ? La raison m'adjure de croire en cette seconde hypothèse. Sans quoi...
    Depuis ce jour, j'évite soigneusement l'ivresse et ses horribles conséquences ; organiser la Fin du Monde exige de la lucidité, c'est le prétexte officiel. Mais je veux surtout éviter de tomber à nouveau si bas que la machine qu'est mon corps ne reprenne le dessus. Qui sait, c'est peut-être ce qui est arrivé à Lucifer, lors de sa Chute : il s'en sera relevé dégrisé, sombre et désabusé, laissant désormais aux Anges et aux curés l'usage du vin de messe... De là viendrait l'attribution, à chaque génération d'Antéchrist, d'un pouvoir visant à nous garder du perpétuel recommencement de cette épreuve-par-l'alcool.

    Bien sûr, il aura fallu que moi, j'aille mettre malgré tout mon doigt dans l'engrenage ; mais Diable, j'ai compris la leçon ! On ne me verra plus ivre avant longtemps - très longtemps. Sérieusement, si j'ai un conseil à vous donner : baisez tant que vous voudrez, succombez à tous les vices qu'il vous plaira ; mais, surtout, ne buvez pas !
    (Rejoignez la S.M.T.V.)

    Signé : Cousin Greg' & Cousin Gat'.

    1 commentaire
  • (Même à l'Antéchrist, on lisait des contes lorsqu'il était enfant. Celui-ci, par exemple...)

         C'était il y a longtemps, bien avant l'Ere Industrielle, à une époque où on ne brûlait plus les sorcières mais où l'on jetait encore les gens en prison pour toutes sortes de bonnes raisons. Parfois même on les exécutait ; et c'est là qu'intervient l'histoire de Fanshawe le Corbeau. Fanshawe vivait dans une prison, tout en haut d'une colline que la neige couronnait souvent ; il nichait sous le banc d'une ancienne cellule, entre les os d'un prisonnier qu'on avait oublié là de très nombreuses années auparavant. Fanshawe le Corbeau était le seul ami du bourreau de la prison ; et celui-ci, qui tous les matins faisait son office près de la guillotine dans la cour, donnait ensuite à manger à Fanshawe. C'avait toujours été ainsi : un long bruit de glissement métallique, parfois un cri sinistre, déchirant, et puis le grand "CLAP". Ensuite, le bourreau frappait dans ses mains pour appeler Fanshawe. Quand le corbeau se présentait, il trouvait à chaque fois, bien en vue au pied de la guillotine, une corbeille abondamment remplie de tout ce qu'un corbeau aime picorer. Alors il s'en donnait à coeur joie, il dépeçait son festin à grands coups de bec, ne laissait pas un lambeau de chair et nettoyait consciencieusement les os. Puis, heureux et repu, il s'en allait dormir sous son banc. Il ne ressortait que le soir, pour folâtrer autour de la prison en croassant d'une voix parfaitement lugubre...

         Avec le temps, Fanshawe le corbeau se mit à apprécier tout particulièrement le son de la guillotine qui pour lui signifiait : "à table !"; puis il apprit à aimer le spectacle du couperet qui tombait, tombait... Cela devint un jeu pour lui d'imiter le couperet de la guillotine. Il prenait son envol lorsque le triangle d'acier s'élevait, puis quand ce dernier retombait il piquait, piquait... Cette gymnastique le mettait en appétit. Et aussi...il sentait l'excitation le gagner. L'envie de manger, avant même la faim, se faisait plus aigüe dès qu'il voyait le bourreau préparer son instrument pour l'exécution. Parfois même, quand il ne pouvait plus tenir, Fanshawe le Corbeau haranguait le condamné qui tardait trop par de vifs piaillements d'impatience. Il voletait autour de la guillotine, montait comme pour emmener le couperet jusqu'en haut et se laissait tomber ensuite en piqué pour simuler la mise à mort. Cette danse macabre se poursuivait jusqu'à ce qu'il trouve enfin la corbeille pleine. Il finit par se prendre pour la Justice qui décidait des exécutions quotidiennes ; et il se prenait pour le couperet qui tombait chaque jour de plus haut, plus vite, plus fort. Mais un jour...

         Fanshawe le Corbeau estima qu'on le faisait attendre ; trois fois il avait piqué vers le sol, mais le bourreau le regardait et le couperet ne voulait pas tomber. Alors, excédé, l'oiseau monta le plus haut qu'il put ; puis il plongea. Sous lui, la guillotine qui se rapprochait, de plus en plus vite. Bientôt, dans un éclair, il vit le couperet descendre enfin. Encore plus vite. Fanshawe s'en rapprocha, Fanshawe le dépassa. Plus vite, plus vite encore. Grisé, le corbeau songeait que le repas allait, enfin, lui être servi, qu'il était plus que temps et qu'il avait bien fait de manifester son courroux légitime par cette éclatante démonstration. Enfin, comme de juste, la tête tant attendue roulait...
    Il ne redressa pas. Tandis que son repas roulait dans la corbeille, Fanshawe le corbeau, qui tombait comme une pierre, ne sentit pas ses plumes le trahir ; il s'écrasa près de la corbeille, sur le pavé noir et humide de la cour de la prison.

    "SPROUITCH"...

    Cousin Gat'.
     

    3 commentaires

  • Ce n'est pas parce qu'on est l'Antéchrist que l'on n'a pas aussi une histoire comme tout le monde, figurez vous. On ne naît pas conscient de ses Pouvoirs, en adressant à la sage-femme un sourire démoniaque. Non non, mon Maître n'est pas si fou, il laisse les choses venir à leur rythme. Car, que Diable, un bon artisan de la Fin du Monde ne se forme pas en 5 minutes...

    Au début, j'étais un bambin "normal" ; un peu solitaire, un peu conscient de sa différence après l'embrasement inexplicable de 2 ou 3 terreurs de la cours de récré qui tentaient de me battre ou la transformation d'une professeur d'anglais en statue de sel à la suite d'un contrôle sur les verbes irréguliers...mais sans plus.

    Avec l'âge vinrent les premières questions ; ces questions stupides qui viennent à l'esprit des adolescents qui se sentent à part ou rejetés. Qui suis-je, pourquoi moi, etc... Et forcément, pas de réponse. La relation avec les autres se transforme en un maelstrom d'incompréhension et de mépris réciproque ... et sans ces signes que j'étais seul à voir, le Diable seul sait où j'aurais été chercher des solutions foireuses. Il en est d'autres dans mon cas qui ne se trouvent jamais, qui craquent, deviennent moine ou se flinguent. Il paraît que j'ai perdu ainsi pas mal de concurrents. Que voulez vous, la sélection est rude... Mais, justement, il y avait ces signes. Tracés à la craie sur les murs du lycée ou dans les coins des tableaux noirs. Dans mes cahiers, aussi. Et puis ces filles que je regardais de loin, sans espoir - quoi, vous n'aviez jamais pensé que l'Antéchrist pût être timide ? - et qui tout à coup se retournaient vers moi - non pas en pouffant bêtement comme deux boutonneuses qui se moquent d'un vilain canard mais un peu intriguées, la prunelle en feu, comme si on leur avait soufflé à l'oreille : "c'est Lui..."

    Ensuite, le Destin a fait le reste ; j'avais lu les bons livres, écouté les bonnes voix. Quand mon Maître me porta la Révélation, je n'en fus - comme il l'avait prévu - même pas surpris.   Le terrain était favorable, mon introspection avait porté ses fruits. Ah, c'est qu'il a de la suite dans les idées, mon bon Maître.
     
    Alors, quand j'ai le cafard, j'endosse mes habits de citoyen lambda et je pars dans la ville anonyme. J'attends sous les néons d'un abribus un hypothétique autocar, je regarde tourner dans une laverie glauque des machines qui ne sont pas les miennes, je m'enfile un diabolo grenadine au comptoir d'un "Café de la Gare"... et je pense à mon Destin. Drôle de truc quand même, le Destin...
     

    5 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique