• Beyond Old Stars (2)

    (Image taken from HERE)

    Debout devant le miroir de la salle de bains, je finissais d'attacher ma cravate à petits motifs ridicules. Dans l'autre pièce, la Fille au Glaçon savourait sa victoire en se prélassant sur le lit ; ses horaires étaient considérablement plus libéraux que les miens, apparemment. Sa voix me parvint, ensommeillée :

    "Alors ? Convaincu ?

    J'ajustai mon col, pensif ; par le Diab...euh, par mon Maître, oui, j'étais à présent convaincu du pouvoir des étoiles, ou à défaut de celui de cette diablesse de Fille. Si je n'avais su reconnaître la fibre démoniaque en chaque créature issue de ma lignée maudite, j'aurais presque pu croire qu'elle était de la famille. De ma vie, je n'avais connu de pareilles sensations ; et laissez moi vous dire que j'en connais un rayon en matière de sexe, après tout c'est en Enfer que j'ai vécu mes premières expériences. C'est aussi mon secteur préféré de la bibliothèque...

    -Oui, dis-je d'un ton détaché ; puis je sortis de la salle de bains.

    Elle musardait à plat ventre sur le lit en désordre, sa chevelure ondulant en vagues chatoyantes jusque sur son joli - et rebondi - derrière ; vision enchanteresse, mais je ne pouvais m'attarder plus longtemps. On a beau être un rouage indispensable de la Fin du Monde, on en reste pas moins toujours l'employé de quelqu'un, et il y a des réunions qu'on ne peut remettre à plus tard.
    J'embrassai donc la magicienne aux étoiles - longuement, j'avoue - et j'allais m'échapper en jetant un coup d'oeil à ma montre quand elle me saisit par la cravate. 'Gourmande !' pensai-je en l'embrassant de nouveau. Elle me regarda dans les yeux sans relâcher sa prise :
     
    -Tu acceptes donc d'avoir une nouvelle entrevue avec la Confrérie ?
    -Mais oui, mais oui... Passe-leur donc un coup de téléphone de ma part.
    -Ce n'est pas comme ça que ça se passe. Tu te souviens ?

    Se dressant sur le lit, vive comme un serpent, elle m'arracha un cheveu avant de rouler sur le dos au milieu des draps.

    -Voilà, comme ça je pourrai le faire en ton nom. Tu as toujours le second billet de bonne fortune que je t'avais donné ?
    -Oui, grognai-je, agacé ; dans mon portefeuille que j'ai oublié sur ma table de nuit. Mais je n'ai pas le temps, là, tu vois que je suis pressé ; lance-le moi, veux-tu ?

    Elle le fit ; je saisis l'objet au vol et l'enfouis dans ma poche arrière, luttant avec un pan de ma chemise qui sortait de mon pantalon. J'attrappais la poignée de la porte pour sortir, quand j'entendis le craquement de l'allumette. 'Ah, non, dis-je, pas...'

    "...maintenant !"

    Ma voix résonna étrangement, tandis que je me matérialisais brusquement dans une vaste pièce. La messagère en extrême déshabillé avait disparu ; à la place s'étendait devant moi une longue table en bois noir, impeccablement polie. Autour, des chaises ouvragées, style très 'fin 18ème' ; et une douzaine d'individus en costume sombre, coiffés de capuches aussi peu que possible assorties à leur tenue.

    "Bonjour, cher ami"

    Je rectifiai la position et inclinai le front, bouillant intérieurement de rage contre une Fille à qui je me jurai de faire avaler ses foutus Glaçons de travers dès mon retour dans le monde normal.

    "Messieurs.
    -Vous avez là une tenue bien débraillée, lança quelqu'un. Je grinçai des dents.
    -Je suis venu un peu...à l'improviste, voyez-vous.

    Rires. Puis un silence gênant (pour moi) suivit.

    -Allons droit au but, dit enfin celui qui semblait présider ; il avait une voix bizarre, sussurante et sans timbre. Nous pensons qu'il est temps de vous révéler ce que nous espérons accomplir avec vous.
    -J'ai cru comprendre que les étoiles étaient favorables, oui, raillai-je.
    -Pas d'ironie ! Vous vous en doutez, les enjeux sont de taille ; ce dont il s'agit, c'est...
    -...la Fin du Monde, oui, je suis au courant. Et c'est heureux, sans quoi nous ne pourrions pas nous entendre. J'ai beaucoup à faire, comme vous savez sans doute, et ne puis m'encombrer de projets accessoires.
    -Oui, siffla l'autre d'un ton doucereux ; mais il s'agit aussi pour...hum, notre espèce, de...euh, de négocier notre reconquête de la surface de la Terre."

    Comme il disait cela, j'entendis les autres piaffer sous leur capuchon ; d'enthousisame, ils frappaient la table de leurs mains qui semblaient tout à coup difformes. Je remarquai seulement alors l'étrange odeur qui flottait, une désagréable et persistante odeur...de poisson.

    (à suivre)


    Signé : Antec’

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