• Il est des choses que ma condition m'oblige à faire ; je ne puis me dérober, en tant qu'Antechrist j'ai...des obligations. Une réputation à tenir, si vous voulez : être vu aux heures propices, aux lieux adéquats... Mon nom est inscrit sur d'innombrables guest-lists pour l'année à venir ; même...ici. Si, si, je vous assure ; là, regardez... Oui... Voilà. Vous voyez ? Je vous l'avais bien dit...

    Alors pour la soirée du Nouvel An, j'étais un peu surbooké, vous imaginez bien. Une première partie de soirée plutôt souterraine, une « rêve » party dans une grotte, des serveuses angéliques ... et pas d'alcool bien sûr - j'étais là, n'oubliez pas ! Où Diable aviez-vous la tête ? Coté musique, le rock pop louange. Là, je me sentais chez moi : même brodé de louanges, le rock, ça dérive en droite ligne du Blues, que certains d'entre Eux appellent "musique du Diable". Ces musiciens-là n'ont pas encore vendu leur âme en échange d'un cours de guitare, c'est d'accord ; mais ça peut toujours arriver, il n'y a pas d'âge...

    J'étais là, assis dans l'ombre, les coudes sur le zinc, cherchant dans le public quelque esprit où planter mon infernale semence. Trop jeune, trop mièvre et une haleine sucrée qui vous laisse les joues collantes.... Sauf la fille au coin du bar, un peu seule, qui mâchonnait sa paille et suçotait un glaçon. J'aurai bien aimé lui parler : ce n'est pas parce qu'on est l'Antéchrist que l'on n'a pas envie de nouer connaissance. Peu importe, puisque j'ai encore loosé : ce n'est pas parce que l'on est l'Antéchrist que l'on n'est pas timide... Un polo – ou était-ce un pull de cashmere ? - a baratiné loin de moi la fille au glaçon. C'était mieux finalement : j'aurais pu l'effrayer.

    En outre, l'heure tournait et après la permission de minuit des petits anges, il fallait bien se remonter le moral, non ? Alors j'ai filé, direction...l'autre bout du Monde, voyage instantané en classe 'transcendance' - les avantages de la profession. C'était aux Antipodes, quelque chose de festif sur une plate-forme réquisitionnée en pleine mer... Toute la structure vibrait au rythme de l'electro et du choc des vagues qui se fracassaient sur les pylônes de soutien. Ca pulsait là dedans. De la musique, des silhouettes... et du champagne, miraculeusement passé à l'as au travers de mes capacités anti-alcooliques (paraît qu'ils avaient prévu le coup, ils utilisent des verres spéciaux). Pas de doute, la soirée allait être une soirée du 'tonnerre de Dieu'.

    Je ne sais pas qui était ce grand type qui est passé près de moi juste après la première gorgée ; tout en rouge, une grande cape, une coiffure étrange avec des cornes, et sa main brûlante qui pèse tout à coup sur mon épaule... A-t-il réellement soufflé à mon oreille : "C'est bien, Fils...", ou ai-je rêvé ? C'est que, je suis très sensible à l'alcool, moi, pas trop l'habitude ; d'un autre côté, les quelques cheveux roussis sur ma tempe tendraient à prouver que, peut-être, c'est arrivé... En tout cas, ça m'a redonné le moral.


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  • L'Antéchrist change le vin en eau. C'est bien connu. Il n'est pas président de la Société Mondiale pour la Tempérance et la Vertu pour rien. Mais les miracles ça plante parfois. Un bug, un raté, bref le Diable sait quoi, a fait qu'hier, au lieu d'eau minérale, l'Antéchrist a bu du vin. Et quand l'Antéchrist est bourré ça peut faire du dégât. Récit de notre envoyé spécial dans une ville où il fait glacial...

    "C'était vers 3 heures du matin hier que le drame s'est produit. Mme X, âgée de 194 ans, s'est trouvée - alors qu'elle partait rendre visite à son amant - nez à nez confrontée à un individu masqué. Sous la menace de son arme, ce dernier semble avoir exigé d'elle qu'elle se convertisse au emsinaitsirhc, avant de disparaître, manifestement pris de panique, en renversant deux poubelles. Indemne mais indignée, Mme X a été prise en charge par une cellule de soutien psychologique.

    Si aucune piste n'est actuellement exclue, des témoins affirment avoir reconnu le serial-agitateur qui trouble le pays depuis quelques semaines. L'individu était manifestement ivre et la démarche hésitante. Ce qui pourrait expliquer la confusion entre Mme X et ses cibles habituelles."

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  • Nous y voici, entre Noël et Jour de l'An. La période du ralenti et du bonheur obligatoire. Mauvais esprit, je continue à veiller et marcher : l'Antechrist ne connait pas de trêve, soyons vigilant. Il y aura toujours, au coin d'une rue ou dans un appartement sous les combles, une personne exceptionnelle, quelqu'un qui a rompu les tabous.

    Diable, cela se trouve, des gens qui refusent de participer à cette mascarade et qui décident de voir ce qu'il y a au-dessus...

    Remarquez, moi je vous dis ça, mais je n'ai pas vraiment l'impression d'en être non plus, de cette mièvrerie collective. Je me contente d'en profiter, je suis très content de ramasser les fruits qui tombent de l'arbre de Noël...
    Car c'est bien de ça qu'il s'agit ; ces petites âmes inspirées qui tentent de s'essayer à ma tâche ont quelque chose qui leur manque et que moi, j'ai : des ailes. Hé oui, c'est beau de vouloir s'extraire, mais il faut être...de la bonne extraction. N'est pas Antechrist qui veut. Cela dit, qu'ils essayent ; je viendrai les cueillir. Promis, sans faute, j'y serai ! Ils n'auront nul besoin de m'appeler, je sais - le Diable sait comment - où ils se trouvent et ce qu'ils cherchent.


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  • Joyeux Noel, d'abord. C'est toujours étrange Noël. Dans la ville basse ça tourne au festival. Festival, enfin je me comprends. Des pères Noël partout : aux balcons, sur les toits, aux fenêtres. Mais évidemment ça tourne au tragique : tout à l'heure l'un d'eux s'est suicidé en tombant de son balcon en plein sur une petite vieille ; la pauvre, quel con.

    Je ne sais pourquoi je repense au poulet et à la crevette sauce piquante en observant ce spectable déplorable. Peut-être parce que j'en avais été tant retourné que j'ai tout degobillé dans le caniveau et que j'ai pensé en voyant les morceaux de crevette pas encore digérés : quoi, moi, j'ai pu avaler ça ? c'était en moi ça ?

    Comme quoi les drames c'est toujours révélateur. En même temps c'était un peu la soirée de la destruction ; on ne fait pas naître un nouveau Monde sans casse. Ainsi, les sacrifices d'une télé, d'un bidet fracassé sur le trottoir et de cette pauvre petite vieille s'imposaient-ils ce soir ...


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